Qui
ne souvient pas de Cheval de Frise ? Qui n’a pas halluciné
sur les performances techniques de ce groupe duo et sur toute
l’émotion qui se dégageait de leur musique
?
L’ Ocelle Mare est le projet solo de Thomas Bonvalet,
guitariste de feu Cheval De Frise. Il présente ici
un premier album au travers duquel on retrouve l’énergie,
la technique et la sincérité que dégageait
le duo bordelais.
Proche et ayant déjà tourné avec Deerhoof
(Temporary Residence), Gorge Trio (Skin Graft), Radikal Satan,
le Ton Mité (Potagers Nature) ou encore Chevreuil (Ruminance),
Thomas est un musicien rare et il n’avait pas tout dit
dans Cheval de Frise.
Sa guitare acoustique à la main, il va maintenant chercher
des sonorités tant par son jeu qui rappelle celui de
John Fahey ou de David Grubbs que par l’enregistrement
en lui même.
C’est dans des carrières, des églises
abandonnées en juillet 2006 que ce disque a été
enregistré lors d’une session d’une semaine.
Passionné par ces espaces depuis plusieurs années
: églises, sous-bois, grottes avec chauve-souris, écurie
en ruine de nuit, Thomas en tire profit pour la première
fois pour sa musique. La profondeur et la gravité des
lieux donnent une dimension inédite au disque. Loin
des studios d’enregistrement, Thomas a même enregistré
ce silence qui plombe les différents lieux dans lesquels
il a enregistré.
L'Ocelle Mare propose ici 16 pièces de guitare acoustique
complexes et tendues (aucune ne porte de nom). Chacune a son
rythme, celui de son corps. Sur scène d’ailleurs,
en jouant ses morceaux Thomas semble se raidir, enroulé
autour de sa guitare, tandis que son visage se contorsionne
afin de scruter les mouvements de ses doigts, jouant parfois
à une vitesse insensée ou pinçant ses
cordes de manière à leur donner un effet étrange,
presque japonisant.
Thomas s’accompagne de grelots, d’une gourde grésillant
sur les cordes comme médiator, un micro entre les pieds
reprenant les rythmes, frénétiques qu'il bat
contre le sol. Comme son cœur. |
